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Berceuses et comptines de Bretagne

Les chants du coeur venus du fonds des temps tissent un lien profond entre adultes et enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Berceuse

Rencontre intime, pleine d’émotion. On entremêle le langage verbal, le toucher, le soutien, le bercement.

Avant les jeux comme “coucou ! le voilà !”, elle met en lumière la présence, enveloppe l’absence, rend tolérable la séparation.

 

La berceuse fait partie des moyens qui contribuent à la création et à l’entretien du lien d’attachement, dans la rencontre et la communication du bébé avec la mère, mais aussi les frères et soeurs, les grands-parents et

l' entourage de manière générale.

 

La berceuse représente une partie de la communication orale qui associe le personnel, le familial et plus largement le culturel.

 

La présence, la persistance de ces chants à travers les siècles et les cultures permettent de penser qu’ils représentent un moyen particulièrement efficace pour aider l’enfant dans son développement et pour confirmer les “mères” dans leurs capacités maternelles.

 

 

1- Retour au calme

Dès les premiers jours de la vie, lorsqu’un bébé pleure, les adultes proches, parents, grands-parents, nounou etc... cherchent à soulager, consoler, atténuer la détresse de l’enfant en rage ou apeuré.

Ils se mettent à le bercer, à chantonner des mélodies, les bébés se calment et les adultes sont rassurés.

 

« Du fond des temps monte une berceuse. Qui berce-t-elle : une femme, un homme ou un enfant ? L'âge ou le sexe importe peu. »

Paul Eluard

 

Plus l’enfant éprouve d’excitation, plus il lui est difficile de se résoudre à abandonner ses jeux, ses multiples intérêts, à accepter de quitter la présence des autres.

 

La berceuse est là pour capter son intérêt.

 

La berceuse se place souvent avant le sommeil mais l’enfant peut aussi en avoir besoin dans la journée lorsque quelque chose en lui se casse, bobo, gros chagrin, fatigue ...

 

Faire face à l’obscurité, à la solitude, au silence contrastant avec la vie, se laisser aller au repos est une tâche parfois difficile pour l’enfant.

 

 

2- Dans les bras

Avant de naître, l’enfant ne connaît pas la solitude.

«Dès la 24ème semaine (in utero) le son provoque une vibration du corps de la mère et vient caresser la tête du bébé.»

Boris CYRULNIK

 

La berceuse, moment d’échange intime entre l’enfant et l’adulte, permet de signifier la tendresse, de transmettre la sensation de plénitude et de douceur par le contact.

 

Elle favorise un moment de fusion corps à corps, peau à peau, dans la chaleur et l’odeur de la mère.

C’est dans ce contact primaire et régulier que va se créer le lien et s’étayer le sentiment de sécurité de l’enfant.

 

Le sentiment d’exister se constitue à travers les sensations tactiles apportées par le contact, le soutien, les odeurs en rapport avec l’intimité de la relation.

 

La berceuse réalise un accordage entre le corps de l’enfant et celui de l’adulte qui adapte son souffle et son tonus à celui de l’enfant.

 

 

3- Bercer

Avant de naître, l’enfant ne connaît pas l’immobilité.

«Le rythme fondamental de toute poésie est donné par les battements du coeur, cet instrument est le métronome intérieur que nous portons dans notre poitrine.»

Paul Claudel

 

Dès avant la naissance et jusqu’à la vieillesse, pour trouver le calme, se détendre, atténuer la souffrance, l’être humain utilise le bercement.

Le mouvement berce le bébé et l’adulte qui le partage contribuant au calme de l’un comme de l’autre.

 

Bercer pour apaiser mais aussi capter l’intérêt de l’enfant trop agité.

Il n’est pas toujours efficace de bercer doucement, c’est d’un corps à corps musclé et rapide dont l’enfant a besoin. Certaines berceuses transmettent bien ce rythme.

 

L’enveloppe sonore et rythmique procure un sentiment de sécurité dont l’enfant a besoin. Le rythme ainsi créé et les moments d’échange semblent être d’une grande importance émotionnelle.

 

La chanson par ses répétitions, ses rimes, ses arrêts, ses reprises participe à la construction de la notion de temps.

 

 

4- La voix, les mots

 

Avant de naître, l’enfant ne connaît pas le silence.

«L'instrument musical le plus ancien, le plus authentique, le plus beau, c'est la voix humaine". 

Richard Wagner

 

Chaque personne a un timbre de voix qui le caractérise, de la même façon que son propre visage, l’enfant le reconnaît dès ses premiers jours.

 

Des mots doux, mais aussi des menaces, des sonorités en écho aux premiers ‘mots” du bébé peuplent les textes des berceuses.

 

Transmises de génération en génération, les berceuses chantées en langue régionale, interprétées par chacun en toute liberté, contribuent à transmettre les liens d’appartenance à la communauté.

 

En confiant à son enfant ses joies, ses craintes, ses espoirs, la mère exprime ses tracas et retrouve son calme, condition essentielle au repos de l’enfant.

 

L’évocation du père, fréquente dans les textes, permet à l’enfant de se situer face au couple de ses parents.

 

L’avenir, thème très courant des berceuses, permet à l’enfant de s’inscrire dans le futur.

 

 

5- Dormir

Dès les premiers jours de la vie, le monde intérieur est un puissant obstacle à l'endormissement et le bébé doit faire face, à certains moments, à la peur de s'endormir.

«Quand nous sommes éveillés, nous avons un monde commun, quand nous dormons, chacun a le sien propre.»

Emmanuel KANT

 

La mère chante pour le bébé, qui trouve peu à peu son calme. En s'éloignant, le son, la musique prennent place et modèrent l'anxiété du bébé et peut-être aussi celle de sa mère, laissant arriver le sommeil.

 

Le méchant chien noir ou le tireur d'oreilles dont il est parfois question dans les berceuses sont sans doute appelés là pour combattre la tentation de l'enfant de garder sa mère.

 

L'acceptation de la séparation au moment du sommeil n'est facile ni pour l'enfant ni pour le parent. Pendant le sommeil, l'enfant lui échappe pour rejoindre le pays du rêve. La berceuse permet-elle de se séparer ou de s'endormir dans l'illusion de ne pas être séparé ?